Des cultures d’entreprises similaires autour du monde
20/05/2020
Le Cabinet de Saint Front accorde beaucoup d’importance à ses valeurs qui tracent les contours de la culture d’entreprise. Celle-ci transparaît à travers des décisions managériales, telles que le choix d’avoir un modèle d’affaires à impact social et / ou écologique, la volonté de sensibiliser les parties prenantes à cette mission sociale / environnementale, la priorité donnée à la formation des employés et enfin à l’implication des employés dans la gouvernance de l’entreprise. Conscients que de nombreuses entreprises se sont formées autour de piliers similaires nous sommes partis à leur recherche pour les interviewer. Francisca de Chilote Shoes et Carsten de Specialistern ont répondu à notre appel.
Chilote Shoes
En quoi consiste votre business ?
Chilote Shoes se spécialise dans la création de chaussons éthiques, c’est-à-dire de chaussons de laine tricotés par des femmes qui vivent dans les zones rurales du sud du Chili.
Où se situe votre impact social ?
Cette activité donne une opportunité de travail aux femmes qui habitent en zone rurale. Elles sont habituellement exclues du marché du travail à cause de leur localisation, du manque de transports en communs, de l’accès difficile (voire impossible) à une éducation supérieure et de leur rôle de gestionnaire de la famille et du foyer. En intégrant les effectifs de Chilote Shoes, elles peuvent travailler depuis leur lieu de vie et exploiter leur compétence en tricot. Elles gagnent non seulement un revenu mais aussi une reconnaissance sociale.
Quelle est l’histoire de votre projet ?
Nous avons monté l’entreprise en 2011 avec mon conjoint Stiven suite à la prise de conscience que le mode de vie campagnard du sud du Chili était sur le point de se perdre. Les personnes du milieu rural ont des conditions de vies précaires, ce qui les amène à développer l’artisanat et à vivre proches de la nature. Cela donne des communautés avec de vraies connaissances de la nature et des relations familiales fortes. Cependant l’absence d’opportunités économiques met ces communautés et par conséquent leur mode de vie en péril. Avec Stiven nous nous sommes aperçus que le talent des femmes en particulier était inexploité et constituait une ressource inestimable.
Comment sensibilisez-vous les parties prenantes à cette mission ?
Nous mettons l’accent sur le processus de création du produit. Chaque paire de chaussons à un code QR qui permet de voir qui a tricoté ces chaussons. Il ne s’agit pas de petites mains anonymes mais bien de personnes mises en valeur par leur création et par leur mode de vie.
Formez-vous les collaboratrices ?
Nous n’organisons pas de formations formelles, c’est une entreprise très collaborative : les femmes se rassemblent en petits groupes selon leur lieu de vie et s’organisent entre elles pour se former, répondre à la demande de production et faire remonter part de leurs remarques.
Comment les impliquez-vous dans la gouvernance de l’entreprise ?
Stiven et moi sommes basés en Suède actuellement mais nous faisons toujours une série de workshops annuels durant lesquels nous allons à la rencontre de nos collaboratrices. Ces moments sont clés pour que nous puissions leur donner de la visibilité sur l’année à venir, qu’elles puissent nous faire leurs retours et plus globalement pour maintenir un lien de confiance entre nous.
Merci à Francisca pour avoir accepté de partager sur son entreprise Chilote Shoes.
Specialistern
En quoi consiste votre business ?
Nous nous dédions à l’insertion professionnelle des personnes ayant un trouble autistique. Nous ne les considérons pas comme « autistes » mais comme « neuro-diversifiées » (par opposition aux « neuro-typiques »). Cette nuance est essentielle pour comprendre notre approche et notre modèle d’affaires. Les personnes neuro-diversifiées ont un talent qui leur est propre et qui, lorsqu’il est bien exploité, peut apporter beaucoup de valeur à l’entreprise. La différence de leur approche leur confère leur talent.
Nous avons 3 branches d’activités : une école pour jeunes adultes (17-25 ans), un accompagnement à l’orientation professionnelle et une activité de conseil aux entreprises à travers laquelle nous sous-traitons nos employés neuro-diversifiés. Les 2 premières activités sont financées par les municipalités tandis que la 3ème constitue un service pour le secteur privé.
Où se situe votre impact social ?
Alors que 2% de la population a un trouble autistique, 80% de ces personnes sont sans emploi. A travers nos activités nous donnons l’opportunité à chacun de faire partie du marché de l’emploi.
Quelle est l’histoire de votre projet ?
Lorsque le fils de Thorkil Sonne a été diagnostiqué d’un trouble autistique, il a décidé de s’impliquer dans l’Association Danoise de l’Autisme. Il a alors découvert que les personnes neuro-diversifiées parvenaient rarement à obtenir un emploi. Pourtant, son expérience dans l’industrie des télécommunications lui avait montré à quel point on avait besoin de talents comme les leurs. Il décida donc de fonder Specialistern en 2003.
Le projet a ensuite connu une expansion fulgurante ; l’organisation compte actuellement 13 branches dans le monde.
Comment sensibilisez-vous les parties prenantes à cette mission ?
Nous démontrons le talent de nos employés à nos clients du secteur privé. Nous avons fait des études en Autriche et au Brésil et les conclusions montrent qu’intégrer des personnes neuro-diversifiées dans les effectifs permet d’améliorer les pratiques de management au global. Etant donné que ces talents demande un travail d’adaptation des deux côtés, des leçons sont tirées de part et d’autre. La communication interne s’améliore, la productivité augmente et même les personnes neuro-typiques prennent conscience que la neuro-diversité nous concerne tous.
Formez-vous les collaborateurs ?
En plus des formations proposées dans nos écoles pour jeunes adultes nous coachons les personnes qui prennent part à l’activité de conseil. Nos employés neuro-diversifiés sont formés préalablement à leur entrée dans l’entreprise et un accompagnement est proposé aux managers de l’entreprise pour apprendre à gérer ces talents. Des « buddies » sont également identifiés pour apporter un soutien à nos employés en cas de besoin. Intégrer ces nouveaux talents est un vrai travail mais les résultats contrebalancent largement les efforts.
Comment impliquez-vous vos collaborateurs dans la gouvernance de l’entreprise ?
Nous prenons toujours en compte les intérêts et les préférences de nos employés avant de leur confier une mission. Si la génération Z est connue pour sa quête de sens, c’est encore plus vrai pour les personnes neuro-diversifiées : si elles n’adhèrent pas au projet elles ont beaucoup de difficulté à travailler dessus.
D’un point de vue plus global, la fondation Specialistern, maison mère de toutes les branches, prend en compte les retours de chaque branche. C’est grâce aux contributions de tous que nous avons pu lancer un travail essentiel : la refonte de notre proposition de valeur afin d’uniformiser les branches et de répondre au mieux aux attentes des clients.
Merci à Carsten pour son retour d’expérience sur Specialistern.
Rédigé par Anaïs Meunier
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