Comment construire votre DPEF
4/11/2020
Issue de la transcription d’une directive européenne sur le reporting extra-financier, sous forme d’une ordonnance, la Déclaration de Performance Extra-Financière est venue remplacer le rapport RSE en août 2017. Cette évolution réglementaire permet aux entreprises soumises de passer d’une liste exhaustive de données extra-financières à un rapport construit autour d’une analyse des risques extra-financiers de l’entreprise. Vous verrez dans cet article que nos convictions (et notre connaissance du sujet avec + de 250 audits réalisés) nous poussent à inciter les entreprises soumises à transformer cette obligation réglementaire en véritable outil de pilotage stratégique. Etape par étape, nous allons vous présenter comment bien construire votre DPEF, de l’obligation réglementaire à un essentiel outil de pilotage extra-financier.
Les attentes réglementaires de la DPEF
L’Organisme Tiers Indépendant désigné pour auditer votre DPEF viendra attester de la bonne conformité et sincérité des informations présentes dans votre DPEF, mentionné dans un rapport annuel.
Conformité : de manière assez classique, le modèle d’affaires doit correspondre à une « carte d’identité » de l’entreprise qui précise les valeurs, la gouvernance, les ressources, les activités, le(s) marché(s) et les réalisations de l’entreprise. Vous devez ensuite réaliser une analyse de vos risques extra-financiers (sociaux, sociétaux et environnementaux) afin de déterminer vos enjeux prioritaires. Pour chaque enjeu* traité, une description de celui-ci est attendu, une explication de la politique mise en œuvre pour maitriser ce risque avec des objectifs temporels, ainsi que les actions mises en œuvre découlant de cette politique, les résultats et indicateurs clés de performance (ICP ou KPI). Dans un prochain article, nous vous préciserons d’ailleurs comment s’assurer d’avoir un bon indicateur, fiable.
*ou risque : pour lever toute confusion, quand on parle d’enjeu on parle de risque, c’est la même chose, simplement une question de point de vue.
Sincérité : l’entreprise doit bien évidemment s’assurer de la sincérité des informations mentionnées dans sa DPEF, qu’elles soient qualitatives ou quantitatives. Cette précision peut paraitre anodine (voire cocasse) mais la remontée des informations peut s’avérer bien plus complexe qu’il n’y parait, surtout pour les grands groupes, qui ont des dizaines de filiales dans de nombreux pays, avec des niveaux d’exigence ou d’autonomie qui divergent… là aussi, nous rédigerons un prochain article pour préciser comment construire un bon reporting. Nous avons également fait durant trois années consécutives (de 2017 à 2019) un benchmark sur les principaux outils de reporting présents sur le marché : voici notre étude complète.
A noter que les entreprises ont l’obligation de publier sur leur site internet leur DPEF pendant 5 ans : c’est une source d’informations en accès libre pour les parties prenantes. Cependant, la publication du rapport de l’OTI n’est quant à lui pas obligatoire.
Une DPEF axée sur une analyse des risques extra-financiers propre à l’entreprise
Certes la DPEF est un document qui doit répondre à une réglementation, il est tout aussi vrai que ce document doit également être personnalisé. Pour cela, nous préconisons une définition précise de l’équipe qui se chargera de construire l’analyse des risques extra-financiers. L’implication de la Direction est d’ailleurs primordiale pour donner une force égale au traitement des risques financiers et extra-financiers. L’équipe en charge de l’analyse des risques devra déterminer une méthodologie détaillée. Une revue annuelle de celle-ci permettra d’identifier les risques maitrisés et donc à retirer du document, mais aussi d’identifier l’émergence d’un ou plusieurs nouveaux risques devenus prioritaires. Il n’y a pas de bon ou mauvais nombre d’enjeux à traiter, mais l’expérience montre clairement qu’une DPEF efficace excède rarement les dix risques, dans un souci de priorisation. Bien que non obligatoire, publier votre méthodologie d’analyse des risques est également une bonne pratique pour démontrer l’objectivité de votre analyse.
Vers la construction d’un outil de pilotage de la stratégie extra-financière
Nous préconisons de définir un ou des propriétaires de risque pour chaque enjeu dans le but de responsabiliser et mobiliser les équipes. Cela permettra notamment au propriétaire du risque de définir un plan d’actions par enjeu, de le piloter et d’en assurer le suivi annuel. Rendre compte de l’avancée des différents plans d’actions et des évolutions annuelles constitue un réel outil de pilotage pour la Direction qui dépasse les attendus réglementaires avec une véritable valeur ajoutée dans la définition de la stratégie RSE de l’entreprise.
Cette évolution réglementaire a marqué un véritable tournant en matière de reporting RSE, en responsabilisant les entreprises sur leurs impacts extra-financiers grâce à cette approche centrée sur les risques extra-financiers. Pour conclure, le plus important pour bien construire votre DPEF est de vous l’approprier et d’en faire un réel outil de pilotage des enjeux extra-financiers.
Pour illustrer cela, nous sommes impatients de vous partager dans les prochains jours, notre propre Déclaration de Performance Extra-Financière, qui reprend sans surprise l’ensemble de ces explications.
N.B. : nous ne sommes pas encore soumis à l’obligation de produire une DPEF (bientôt le seuil des 500 collaborateurs ? 😉), mais par souci d’exemplarité pour nos clients, et bien que nous ayons un impact modeste (vu notre taille) nous considérons que chacun à son échelle doit rendre compte de sa performance RSE et de la manière dont il cherche à progresser. Cette 1ère DPEF pour nous vise enfin à montrer notre dynamique, présenter qui nous sommes et vers quoi nous souhaitons tendre…
Rédigé par Lisa Baïetto et Alexandre Boucher
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